[AUDIO_VIDE] Bonjour, bienvenue au MOOC Villes africaines, environnement et enjeux de développement. La leçon d'aujourd'hui nous introduit dans l'agriculture urbaine et porte sur les définitions et fonctions de celle-ci. Pour désigner l'agriculture située dans la ville ou à proximité, on utilise le terme agriculture urbaine. L'agriculture urbaine est un concept scientifique qui a une pluralité de définitions que l'on trouve dans la littérature, chacune mettant plus ou moins l'accent sur la localisation précise de l'agriculture au sein des zones urbaines, intra ou périurbaines, les fonctions qu'elle assure en relation avec la ville, les ressources qu'elle partage avec le milieu urbain, ou les types de système de production. Afin de mieux cerner ce que ce concept représente, il est important de définir d'abord la ville, car l'agriculture urbain se rapporte à cet espace. Ensuite nous allons définir ce que c'est que l'agriculture urbaine, enfin, nous présenterons sa multifonctionnalité. La ville a une définition variable selon les auteurs et les pays, ce qui fait dire à certains auteurs que la ville a une définition floue. Il en est de même des définitions statistiques. En effet, l'exemple de l'Afrique sur ce tableau montre que même au sein d'un même continent, les critères et définitions statistiques ne sont pas les mêmes. Elles prennent en compte des critères démographiques, c'est-à -dire le seuil du nombre d'habitants à partir duquel une localité est considérée comme ville, 2 000 habitants, ou 5 000 habitants, ou 10 000 habitants, ou 20 000 habitants ; complétées parfois par des critères administratifs et économiques. Si plus de 50 % des habitants ont des activités non agricoles, ou avec des activités non agricoles prédominantes, ou dont les activités ne sont pas principalement agraire. Les définitions analytiques considèrent que les critères démographiques sont insuffisants pour saisir la spécificité du monde urbain par rapport au monde rural. Coquery Vidrovitch propose la définition suivante de la ville. La ville est un centre de densification humaine et de diffusion culturelle, son existence repose sur des conditions économiques et politiques particulières, d'organisation de la production et des échanges. Un surplus agricole nourrissant des iii non agricoles une classe de dirigeants, une classe de marchants. Il existe d'autres critères de définition tels que la permanence d'activité de service liée à l'exercice du pouvoir, le niveau d'iii social, écoles, hôpitaux, le degré de monétarisation des échanges. Pour l'historien Fernand Braudel, la ville est le lieu de l'élaboration monétaire. Les dépenses par tête sont deux fois plus élevées en ville qu'en milieu rural, le degré de disparité des revenus dû à des sources de revenus plus diversifiées qu'en milieu rural. Comme l'indique Tricaud, les définitions géographiques considèrent la ville physique, c'est-à -dire l'agglomération telle qu'elle peut être repérée à partir de l'observation visuelle de la photographie aérienne ou de l'image satellitaire. Tricaud définit l'espace urbain au sens strict comme l'ensemble des parcelles bâties ou revêtues c'est-à -dire les parcelles portant des bâtiments ou majoritairement couvertes d'un revêtement empêchant la végétation, ou des sols majoritairement tassés pour assurer la circulation. Ces parcelles sont ainsi définies par leur absence de végétation et leur imperméabilité. On définit la ville ou l'agglomération au sens le plus étroit comme un espace urbain de surface ou de population supérieure à un seuil donné. L'Organisation des Nations Unies, la base de données GEOPOLIS, et l'Institut National des Statistiques et Etudes Economiques, recommandent de considérer comme aggloméré des constructions éloignées de moins de 200 mètres en Europe ou de moins de 500 mètres en Amérique Latine. L'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la région Ile-de-France par exemple distingue trois catégories d'usage du sol. Rural, urbain construit, urbain ouvert, à dire parcs et jardins, terrains de sport, cimetières. L'enveloppe urbaine ou périmètre urbain englobe un certain nombre d'espaces urbains extérieurs, et d'espaces non urbains intérieurs. À mesure que l'on s'éloigne du centre, certains caractères distinctifs de la ville et de la campagne suivent un gradient croissant ou décroissant, densité des espaces bâtis et revêtus, caractère monétaire des productions, pression foncière. Ce gradient permet d'identifier des espaces urbains, rural ou périurbains, sans tracer leurs limites précises. L'agriculture urbaine a une pluralité de définition. En 2004, des chercheurs ont énuméré plus d'une dizaine de définitions du concept agriculture urbaine, chacune mettant plus ou moins l'accent sur la localisation précise de l'agriculture au sein des régions urbaines, intra ou périurbaines, les fonctions qu'elle assure en relation avec la ville, les ressources qu'elle partage avec le monde urbain, ou les types de systèmes de production. Au niveau des institutions internationales, certaines comme la FAO différenciait l'agriculture urbaine située dans la ville de l'agriculture périurbaine située autour de la ville. D'autres institutions utilisent un terme unique pour désigner ces deux types d'agriculture. On parle alors d'agriculture urbaine, ou d'agriculture périurbaine. Pour certains auteurs comme Paula Nahmias et Yvon Le Caro, cette définition basée sur la morphologie demeure limitative. Ils jugent plus complète celle proposée par Mbaye et Moustiers et basée sur une approche d'écologie urbaine. Celle-ci met en exergue les externalités de l'agriculture avec la ville, en particulier ses fonctions écologiques et paysagères. Pour Mbaye et Moustiers, l'agriculture urbaine se définit comme l'agriculture localisée dans la ville ou à sa périphérique, dont les produits sont majoritairement destinés à la ville et pour laquelle il existe une alternative entre usage agricole et non agricole des resources. Une alternative entre usage agricole et non agricole des ressources, alternative iii de concurrence, mais aussi de complémentarité entre agriculture et ville. Cette définition présente trois grandes caractéristiques de l'agriculture urbaine. La localisation, le marché de consommation, et les alternatives d'utilisation des ressources. Cependant, il existe d'autres approches. Fleury et Donadieu ont fait la remarque qu'avec la ville, l'agriculture périurbaine peut soit n'avoir que des rapports de mitoyenneté, soit entretenir des rapports fonctionnels réciproques. Dans ce dernier cas, elle devient urbaine et c'est ensemble qu'espace cultivé et espace bâti participent au processus d'urbanisation et forme le territoire de la ville. la notion de multifonctionnalité de l'agriculture a été mise en exergue lors des négociations internationales à l'Organisation Mondiale pour le Commerce depuis 2001 sur les produits agricoles et dans l'élaboration des politiques publiques en Europe. Les recherches sur l'agriculture urbaine ont insisté sur cette multifonctionnalité elle justifierait sa protection face à l'expansion des villes. En Afrique subsaharienne aussi, l'agriculture urbaine fournit de nombreuses fonctions que nous allons présenter. Par ailleurs, les différentes formes d'agricultures périurbaines, maraîchage, élevage, vivrier, marchand ou non marchand, ne remplissent pas nécessairement les mêmes fonctions. En premier lieu, les fonctions économiques de l'agriculture urbaine sont principalement la création de revenus, l'approvisionnement alimentaire des villes, et le développement de filières en amont et en aval. Pour Paule Moustiers, La fonction d'approvisionnement alimentaire des villes est la plus importante. Les autres fonctions économiques de l'agriculture périurbaine sont la création de revenus pour les producteurs et pour les autres acteurs de la filières, que ce soit dans la transformation des produits, ou dans la commercialisation. Ensuite, les fonctions sociales de l'agriculture périurbaine en Afrique résident dans la création d'emplois et l'intégration des nouveaux migrants ruraux. L'agriculture en ville est aussi un moyen de marquer des droits de propriété et elle est en cela aussi un mode de régulation des rapports sociaux. C'est une activité qui met en relation des acteurs très diverses, tels que producteurs, gestionnaires, autochtones et halogènes, urbanistes, techniciens agricoles, ce qui favorise donc l'innovation sociale. L'activité agricole en ville permet de garder un lien avec des pratiques rurales apprises antérieurement. Les jardins urbains ont également une fonction de plaisir et d'augmentation du bien-être, cette activité symbolise le lien avec le village. Les fonctions environnementales de l'agriculture périurbaine en Afrique sont la préservation de la biodiversité, le raccourcissement des filières qui entraîne des économies d'énergie, le recyclage des déchets liquides et solides de la ville. Ce qui reste encore à développer, pour la protection des sols contre l'érosion et contre les inondations. Toutefois, elle présente également des aspects négatifs. En effet, l'utilisation excessive d'engrais et de pesticides sont source de pollution. Il en est de même de l'usage non contrôlé des eaux usées non traitées. D'après Aubry, dans la capitale malgache Antananarivo, l'implantation d'une zone tampon rizicole à la périphérie de la ville a contribué à réduire de manière significative le risque d'inondation des quartiers récemment urbanisés. Dans d'autres villes Africaines, le recyclage des déchets comme une utilisation comme fertilisants à fait l'objet d'expérimentations. L'installation des activités horticoles dans ce reboisement municipal laissé à l'abandon a permis de préserver cet espace devenu un lieu de défécation en plein air de riverains et de passants dans la ville d'N'djamena au Tchad. Quant aux autres fonctions, l'agriculture urbaine contribue à l'aménagement urbain et périurbain. En effet, le maraîchage ou l'horticulture permettent de préserver des espaces verts au sein de l'espace bâti. Elles recellent de richesses végétales et fauniques non négligeables pour le maintient de la biodiversité. Les différentes facettes de sa fonction environnementale mettent en évidence que son exploitation à des fins agricoles et sa protection peuvent contribuer au maintient de l'équilibre écologique de la région dans son ensemble. L'horticulture en pleine expansion dans la ville de Yaoundé, tout comme la sylviculture dans les bas-fonds inondés participent également à l'amélioration de l'architecture urbaine. C'est d'ailleurs fort du rôle qu'il joue dans l'aménagement urbain que la journée mondiale de l'environnement a été célébrée le 5 juin 2005 sous le thème des villes vertes, un plan pour la planète. En conclusion, nous pouvons dire que dans la littérature scientifique, on distingue trois types de définition de la ville. La première basée sur des statistiques variables suivant les pays, la seconde fondée sur l'analyse des activités et des rapports entre elles et la troisième étant une définition géographique qui considère la ville physique, c'est-à -dire l'agglomération. On trouve dans la littérature plus d'une dizaine de définitions du concept d'agriculture urbaine, chacune mettant plus ou moins l'accent sur la localisation précise de l'agriculture au sein des régions urbaines, les fonctions qu'elles assurent en relation avec la ville, les ressources qu'elle partage avec le monde urbain, ou les types de systèmes de production. La diversité des fonctions constitue une caractéristique marquante de l'agriculture urbaine. Fonction économique, sociale, environnementale. En plus, l'agriculture urbaine contribue à l'aménagement des espaces urbains et périurbains. Au revoir, et à la prochaine leçon sur les formes de l'agriculture urbaine. [AUDIO_VIDE]