[MUSIQUE] Bonjour, vous allez nous parler d'environnement urbain dans ce cours. L'environnement urbain est à l'agenda international, on en parle partout. Mais quelle est la situation aujourd'hui des villes africaines? >> Bonjour à vous aussi. La situation de l'environnement dans les villes africaines je dirais, je la qualifierais de très alarmante. En effet, il suffit de parcourir donc les quelques ou certaines villes pour se rendre compte de l'immensité des défis qui se posent en termes notamment d'accès à l'eau potable pour les populations en termes d'assainissement des eaux usées qui sont produites, après usage donc de cette eau qui leur est fournie, en termes également de gestion de leurs déchets qui sont assez souvent pas évacués par les services en charge de le faire et en termes également des questions liées à l'assainissement pluvial, parce que l'Afrique, notamment l'Afrique subsaharienne se trouve donc dans une région où les épisodes pluvieux constituent généralement des soucis, même si cela, même si cette situation ne dure que quelques mois dans l'année. Les désagréments que cela engendre, tels que les dégâts corporels ou matériels sur les habitations sont donc des préoccupations assez importantes pour les populations. Sans compter les liens qu'on peut faire donc entre un environnement donc qui soit sain et donc qui ne peut pas impacter sur la vie des populations. Or, lorsque vous prenez les statistiques sanitaires, vous voyez que la charge de morbidité liée aux maladies parasitaires est infectieuses qui sont évitables donc par des meilleures conditions sanitaires, par un meilleur environnement n'existe pour la plupart du temps, pas dans la plupart, en fait, n'existe pas en fait dans la majorité des villes. Ou lorsqu'elle existe c'est peut-être sur une portion seulement du territoire urbain que l'on rencontre donc un niveau d'environnement qui soit acceptable. Mais pour la majorité des populations, cette majorité donc, vit dans des conditions assez précaires. Et cela se traduit notamment par les questions donc de santé auxquelles ces populations sont confrontées. >> Pourquoi ne fait-on pas plus attention à ces questions environnementales dans un contexte africain? >> Évidemment le, pourquoi ne fait-on pas plus attention? C'est une question d'école aussi. Le mode, ou du moins les politiques de planification urbaine qui ont été en vigueur pendant un certain nombre d'années ont géré les situations de manière sectorielle. Donc, la planification consistait à organiser les espaces pour que les gens, les populations viennent s'y installer sans qu'on ne se préoccupe assez souvent des liens qu'il y a entre les différents éléments de cet environnement. Aménager un espace veut dire que fournir donc un cadre de vie qui soit assez agréable, un cadre de vie amélioré. Mais cela donc doit en principe englober toutes les questions qui sont susceptibles d'entraver donc ce cadre de vie qui devrait être en principe un cadre de vie sain. >> Donc si je vous comprends bien si on veut aujourd'hui agir sur l'environnement urbain, il faudrait commencer dans la gestion et la planification par intégrer ou articuler les différentes thématiques pour les prendre comme un >> tout et plus comme des parties, ce qu'on fait jusqu'à aujourd'hui. >> Évidemment, la planification, c'est un aménagement qui devrait être global. Donc, qui devrait prendre toutes les questions pour que la vie donc dans sur l'espace urbain soit une vie qui soit du moins harmonieuse. Donc cela appelle à prendre en compte la question de l'approvisionnement en eau lorsqu'on aménage donc des terrains, des espaces destinés à être habités, il faut prévoir déjà d'avance un certain nombre d'aménagements pour que les populations qui vont venir s'y installer sur ces espaces-là n'aient pas un certain nombre de désagréments. Mais qu'est-ce qu'on constate généralement dans les villes africaines? Nos villes ou du moins ceux qui ont la charge de la gestion, se préoccupent beaucoup plus de faire du lotissement sans un aménagement préalable. Alors ou quelques fois des situations dramatiques qu'on peut observer dans certains dans certaines localités, certains services techniques vont jusqu'à même lotir des bassins de rétention ou des zones marécageuses et l'offrir donc aux populations pour qu'elles puissent s'installer. Assez souvent aussi on remarque que la planification urbaine ne suit pas comment on l'appelle, la croissance démographique de la ville. La ville ne fait que s'étendre. Chacun, chaque individu se débrouille plus ou moins pour pouvoir se loger et évidemment, certains esprits malins sont là pour vendre des terrains, même quelques fois dans des zones qui sont difficilement constructibles. >> Donc on a, si je vous comprends bien, l'État qui là derrière, ou les collectivités publiques, ne jouent pas forcément >> le rôle de la planification et se contentent de faire du lotissement et de vendre ces lotissements. >> Évidemment, ça, les responsabilités sont partagées. Aussi bien par les pouvoirs publics, collectivités locales ou ministères en charge des questions de l'aménagement urbain, que les populations elles-mêmes. Évidemment on va me dire qu'on comprend. L'habitant qui ne sait pas où se loger ira trouver l'endroit où il est susceptible de bâtir sa maison. Tout en disant que bon mais, au fur et à mesure peut-être que les puissances publiques penseront un jour à venir aménager cet endroit-là . Et on va occuper, dans ce cas-là , des zones inondables ou non constructibles. Mais en fait si l'on voit bien, très peu de villes africaines disposent d'un document de planification. Ça commence déjà par cela. Pour pouvoir prendre en compte toutes les questions donc du cadre de vie qui doit être organisé, et notamment se préoccuper des questions donc qui puissent impacter ce cadre de vie. Malheureusement, les outils qui sont disponibles pour pouvoir assurer une meilleure organisation, une meilleure gestion de l'espace, ne sont pas à la portée de toutes les communes. Selon leur taille, selon les capacités financières des communes ou des États, cela ne se fait pas. Et très souvent on attend toujours que ce soit donc l'appui des partenaires extérieurs bilatéraux ou multilatéraux pour pouvoir donc doter les communes ou les villes d'un instrument de planification ou de gestion de la ville. L'autre problème aussi que l'on constate, c'est que disposer seulement d'un outil de planification à lui seul, ça ne suffit pas. Il faut aussi se donner les moyens de pouvoir mettre en œuvre un certain nombre donc d'investissements structurants qui puissent accompagner donc ces, comment on l'appelle, la mise en œuvre de cette planification. Assez souvent, y a un décalage entre le document qui est produit par des experts et qui sont généralement des documents de bonne facture et leur mise en œuvre. Ce qui fait que du coup, au bout de 2 ans, 3 ans, ben la situation ne s'est pas améliorée. Il n'y a pas eu un début de mise en œuvre de ces outils-là et on retombe dans le cercle vicieux sans que des changements véritables n'apparaissent et il faut trouver d'autres moyens pour pouvoir actualiser ce document. Et si cela toujours ne doit pas s'accompagner d'un certain nombre d'investissements ou d'aménagements, évidemment on retombera toujours dans les travers. Et la situation n'aura pas été réglée. >> On sait que sous la pression internationale, les questions d'agriculture urbaine, les questions >> de déchets, les questions d'adduction en eau potable, dans un contexte de changement climatique vont prendre une importance considérable dans les villes africaines. Quels seront les acteurs principaux de ce changement? Je dis, surtout les acteurs. Chacun des acteurs a une part de responsabilité ou bien peut contribuer donc à , comment on l'appelle, à faire en sorte que cet environnement-là soit viable. La première puissance qui a, ou le premier acteur qui a en charge la responsabilité d'organiser donc cet espace-là , c'est l'État. L'État il a ses démembrements qui sont les ministères, avec ses directions techniques assez souvent à ce niveau également il se pose des questions de ressources humaines ou de capacité à mobiliser les financements, ce qui entrave, comment dirais-je, leur action en principe sur le terrain. Y a les collectivités locales, qui sont les communes à qui avec la mise en œuvre de la politique de décentralisation dans les pays africains, l'État a délégué un certain nombre de responsabilités. Sur des questions d'eau, d'assainissement, et autres. Malheureusement, ce transfert de compétence ne s'accompagne pas toujours des transferts, donc budgétaires, ce qui fait que, les communes également se trouvent démunies face à leur responsabilité, qui est celle, donc, d'assurer un certain nombre de responsabilités. Il y a les populations, qui bénéficient des services d'alimentation en eau potable, ou de gestion des déchets solides, ou qui font recours à l'assainissement, ou je dirais plutôt pas à l'assainissement, au service d'assainissement lorsqu'il s'agit d'assainissement collectif, ou qui font appel à un assainissement privé, par exemple pour pouvoir vidanger leur latrine ou leur fosse septique. Eux également, ils ont une part, pour pouvoir participer. Il y a les privés, nationaux ou internationaux qui peuvent intervenir par ces moyens. Il y a tout le secteur bancaire qui peut contribuer en accordant un certain nombre de prêts à ces institutions-là . Sans compter donc les partenaires en développement traditionnels, qui peuvent être les acteurs, les agents de développement, ou, comment dirais-je, la collectivité décentralisée qui participe, qui peut participer à un certain nombre d'actions ou d'interventions au niveau de ces villes. Mais le gros problème va résider au niveau de la coordination de l'action de tous ces acteurs. Assez souvent, il n'y a pas de cadre, ou même si sur le papier on a prévu des cadres de concertation, qui doivent permettre à ce que chacun des acteurs concernés puisse exprimer un certain nombre de préoccupations, que les actions qui doivent se faire, doivent se faire de manière concertée et partagée, dans la réalité, c'est des mots qu'on emploie, mais on n'est jamais, on ne fait jamais le pas pour pouvoir, effectivement, mettre en œuvre cette gestion partagée qu'on clame assez souvent en matière de gestion des villes. >> Mais, si je vous comprends bien, ça veut dire qu'il y a quand même un désengagement de l'État, au profit de partenaires privés, >> et quelle place met-on sur les pratiques des usagers, en fait? Parce qu'on pourrait partir de là , on pourrait se dire que ce qui compte c'est la pratique de l'usager, donc l'habitant de la ville, et est-ce que lui aura plutôt tendance à suivre ce que dit l'État? Ou est-ce qu'il fera également confiance à des sociétés privés, à des partenaires au développement? >> En fait, l'État ne devrait pas se désengager, on ne devrait pas parler de désengagement de l'État, parce que il y a quand même une responsabilité de contrôle, ou de politique à élaborer, >> et des suivis, de contrôle et de suivi. Et ça c'est de la responsabilité d'un pouvoir qui doit être reconnu, à une autorité, ici c'est l'autorité centrale qui est l'État, ou à une autorité locale qui peut être la commune. Mais, il faut pouvoir définir, de manière assez claire, ces responsabilités que les différents acteurs doivent assumer. La définition de ces responsabilités, là , pose problème. Au niveau de l'État et de ses démembrements on se rend compte que, il y a des chevauchements des responsabilités au niveau des ministères ou des directions techniques, il y a des conflits de compétences qui peuvent surgir entre la commune, et les services centraux de l'État. Je dis toujours que, tout le monde a sa place pourvu que chacun sache que tout le monde doit participer et que, on puisse offrir cette opportunité, ou créer ce cadre où on peut dialoguer, et ensemble construire un environnement qui soit meilleur pour tout le monde. Évidemment les enjeux des différents acteurs, les enjeux politiques, économiques, tous les acteurs ne peuvent pas avoir la même vision, mais, il y a quand même un certain nombre de questions sur lesquelles on peut avoir un consensus minimum, afin que la majorité de la population, et tous les acteurs en d'autres termes, puisse bénéficier des actions qui peuvent être faites. >> Merci pour ces quelques réponses à ces questions >> introductives, vous allez aborder toutes ces questions, j'imagine, dans les cours, dans ces prochaines semaines. Je me réjouis de pouvoir, avec l'ensemble des participants du cours, vous suivre. Et on se donne rendez-vous dans quelques semaines, pour une conclusion. >> Merci, à moi de vous remercier également. [AUDIO_VIDE]