[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour. Dans ce chapitre nous allons aborder tout d'abord l'histoire de la notion [BRUIT] de développement. Nous verrons qu'elle est passée d'une conception qui privilégiait la quantité à une représentation qui met l'accent sur la qualité. Puis nous aborderons les objectifs du millénaire pour le développement, puis les objectifs du développement durable et leurs limites. [BRUIT] Le président américain Harry Truman déclarait dans son discours sur l'état de l'union, en 1949, que les pays dits développés doivent aider les pays dits sous-développés dans leur aspiration à une vie meilleure, notamment en y investissant des capitaux. Cette déclaration s'inscrit à l'évidence dans le prolongement d'une vision surplombante de l'Occident héritée du 19e siècle. Mais elle participe aussi de la lucidité des élites nord-américaines qui à la même époque financent le plan Marshall pour reconstruire une demande européenne et japonaise capable d'absorber le surplus industriel américain. La décolonisation a pris fin au milieu des années 1960. À cette époque, on mesure le développement en termes purement monétaires avec le PIB ou le revenu national par habitant. La différence entre le PIB et le revenu national est liée aux transferts d'argent de résidents sur le territoire domestique vers le reste du monde et, inversement, des nationaux expatriés vers le territoire domestique. Peu à peu, cette vision étroite du développement, surplombante et purement monétaire, va s'enrichir de critères plus larges qui feront place à la notion de qualité de la vie. Ainsi, le programme des Nations unies pour le développement, le PNUD, met au point en 1990 l'indice de développement humain, l'IDH, qui prend en compte non seulement le revenu monétaire mais aussi la santé et l'éducation. La santé comprend l'espérance de vie à la naissance, l'accès à l'alimentation, à l'eau potable, aux soins et à un logement. L'ONU définit le développement durable, en 1987, de la manière suivante : Le développement est durable s'il répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. La justice sociale est alors définie comme l'égalité dans l'opportunité d'accéder au bien-vivre, à l'intérieur et entre les générations. En 1996, l'ONU publie son rapport sur le développement humain à la suite des crises économiques qui ont secoué l'Amérique latine et l'Asie. La perspective a alors complètement changé. La croissance économique passe au second plan par rapport au développement. Le rapport reconnaît qu'entre 1960 et 1992 la croissance économique rapide n'a pas toujours été accompagnée d'une amélioration de la qualité de la vie. [BRUIT] [BRUIT] Les états membres des Nations unies et les organisations internationales, dont les banques du développement, se sont fixé [BRUIT] en l'an 2000 les objectifs du millénaire du développement à atteindre pour 2015. Ils sont au nombre de huit [BRUIT] : réduire l'extrême pauvreté et la faim, assurer à tous l'éducation primaire, promouvoir l'égalité des sexes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre les épidémies, inclure le développement durable dans les programmes de développement nationaux, construire un partenariat mondial pour le développement. Le détail du résultat sur chaque objectif [BRUIT] vous est présenté en annexe. [BRUIT] Des progrès considérables ont été obtenus sur chaque indicateur, mais des difficultés persistent. La persistance des inégalités, la persistance d'un milliard de personnes très pauvres et très concentrées géographiquement, l'accroissement des disparités villes- campagnes, et une action sur l'environnement, le climat, la biodiversité qui reste très insuffisante. À titre d'illustration, regardons le détail des résultats pour le premier objectif du développement pour le millénaire. [BRUIT] Le premier objectif du développement pour le millénaire concerne l'éradication de l'extrême pauvreté. [BRUIT] L'extrême pauvreté a diminué de façon significative au cours des deux dernières décennies. En 1990, comme vous pouvez le voir, près de la moitié de la population des pays en développement vivait avec moins de 1,25 dollar par jour, et cette proportion est tombée à 14 % en 2015. Au plan mondial, le nombre de personnes vivant en situation de pauvreté extrême a diminué de plus de moitié, passant de 1,9 milliard en 1990 à 836 millions en 2015. Des progrès ont essentiellement eu lieu depuis 2000, et en Chine. Le nombre de personnes dans la classe moyenne active, vivant avec plus de quatre dollars par jour, a presque triplé entre 1991 et 2015. Ce nombre représente maintenant la moitié de la population active dans les régions en développement, par rapport à seulement 18 % en 1991. La proportion des personnes sous-alimentées dans les régions en développement, enfin, a baissé de près de moitié depuis 1990, passant de 23,3 % en 1990, 1992, à 12,9 % en 2014, 2016. [BRUIT] Le détail des résultats pour l'ensemble des objectifs de développement pour le millénaire se trouve en annexe de ce chapitre. [BRUIT] [BRUIT] Ces objectifs ont été publiés par les Nations unies en septembre 2015, avec comme échéance 2030. Ils comprennent 169 indicateurs, regroupés en 17 grandes catégories, dont le pictogramme figure ci-joint. Leur première nouveauté est que les objectifs du développement durable ne concernent pas seulement les pays du Sud. Ces indicateurs sont conçus, en effet, pour être mesurés selon la même méthodologie dans tous les pays du monde. À titre de précision, tous les pays du monde sont membres des Nations unies, à l'exception de la Palestine, du Vatican, des îles Cook et Nick, qui sont des observateurs. Que les ODD soient conçus comme valant à la fois pour le Nord et le Sud reflète une double évolution. Tout d'abord, la fin de la vision surplombante Nord- Sud du développement au profit d'une vision plus globalisée avec des pays émergents dont beaucoup sont maintenant en rattrapage, voire en passe de dépasser économiquement les anciennes nations industrialisées, tandis que la pauvreté, quant à elle, n'a pas disparu des pays du Nord. Mais les ODD reflètent aussi la prise de conscience de la nature globale des questions de développement, et en particulier de la question climatique et de la protection de l'environnement, qui devient un enjeu majeur et transversal, aussi bien au Sud qu'au Nord. La seconde nouveauté des objectifs du développement durable est qu'ils désignent des processus davantage que des états stationnaires. Ils témoignent de l'idée que le chemin qui conduit à l'éradication de la pauvreté ou à la lutte contre le dérèglement climatique compte tout autant que la cible. La troisième nouveauté tient au fait que la communauté onusienne reconnaît l'unité profonde entre les 17 objectifs du développement durable, ils ne sont pas sécables entre eux, cela n'a plus de sens de vouloir promouvoir un objectif indépendamment des autres. Enfin et surtout peut-être, les 17 ODD introduisent deux thématiques qui étaient peu valorisées au sein des objectifs du développement pour le millénaire, les inégalités d'un côté et la gouvernance de l'autre. [BRUIT] Examinons à présent les limites des objectifs de développement durable. Comme tout indicateur chiffré, la qualité des ODD dépend de la qualité de leur collecte. Un bon indicateur est un indicateur dont la terminologie et le mode de collecte sont adaptés au terrain sur lequel cette collecte se réalise. En pratique, les objectifs du développement durable sont alimentés en priorité par les sources statistiques nationales qui, malheureusement, ne sont pas toujours fiables et qui sont encore moins harmonisées entre les pays. La gouvernance par les nombres, qui peut sembler possible grâce à l'évolution rapide des technologies d'information, ne saurait se substituer au gouvernement de la réalité et peut parfois masquer ou déformer celle-ci. Le nombre total d'indicateurs, 169, et l'absence de hiérarchie entre eux, ont été critiqués. À l'évidence, la communauté internationale est en quête d'une boussole pour s'orienter à l'intérieur du très grand nombre d'objectifs qu'elle s'est assignée. Les objectifs du développement durable ne contiennent rien, enfin, sur la stabilité financière ou monétaire, qui sont pourtant cruciales au développement d'une économie durable. [BRUIT] [BRUIT] La mission de l'AFD, l'Agence française de développement, met l'humain au centre de l'objectif de développement dans ses trois dimensions, transformer le développement économique en progrès social pour tous, intégrer l'environnement au cœur des modèles de croissance, développer harmonieusement les territoires. L'AFD est pionnière pour faire de la protection de l'environnement une priorité puisqu'elle est aujourd'hui l'agence de développement qui consacre la plus grande proportion de ses financements à des co-bénéfices climat, 50 %. L'AFD contribue au renforcement du capital humain des sociétés sur le long terme, en soutenant les politiques publiques liées à l'éducation et à la santé. L'AFD finance des infrastructures et des énergies vertes qui créent des conditions d'un développement économique durable. Les actions de prévention des tensions et des conflits menées par l'AFD, comme par exemple le soutien aux filières pastorales, au Sahel, sont également au service du bien vivre. Merci. Cette session est terminée. À bientôt pour une prochaine séance. [BRUIT] [MUSIQUE] Ces pays ont donc été touchés de plein fouet par la chute du cours, avec des conséquences différentes pour le Moyen-Orient, qui a de quoi voir venir, et d'autres pays qui, eux, ont moins de réserves en devises. On peut noter néanmoins que l'Arabie saoudite a réalisé le premier emprunt de son histoire sur les marchés financiers, et qu'elle a lancé le processus d'appel aux capitaux internationaux pour sa société pétrolière nationale, ARAMCO, qui devra à cette occasion publier le chiffre de ses réserves. Le PIB de la plupart des pays exportateurs s'est fortement contracté à partir de 2014, 2015. La Russie, par exemple, a connu une contraction majeure. La baisse du pétrole a dévasté le Vénézuéla directement, par un manque à gagner de près de 80 milliards de dollars, une chute de 8 % de son PIB, la plus violente du monde, et indirectement, parce que les investisseurs internationaux ont cessé de lui prêter. L'État vénézuélien a répondu en imprimant de la monnaie pour faire face à ses besoins immédiats, entraînant une hyperinflation de presque 500 %. La privation de devises a entraîné des pénuries de produits alimentaires et sanitaires de première nécessité, qui illustrent s'il en était besoin combien les économies axées sur la rente pétrolière sont vulnérables. La crise vénézuélienne devrait nous inviter à construire rapidement, particulièrement au Sud, des modèles de développements économiques peu, ou moins dépendants des énergies fossiles. En effet, la volatilité du prix du pétrole ne doit pas nous faire oublier la réalité physique. Le rendement des puits de pétrole américains a fortement décliné à partir de 1950. Il arrivera mécaniquement la même chose aux puits d'Arabie saoudite pendant la première moitié de ce siècle. Les autres réserves qui existent sont beaucoup plus difficiles d'accès, donc fournissent un carburant moins rentable énergétiquement. Indépendamment de toute considération de prix, une énergie dont le rendement énergétique est nul ou négatif ne peut pas conduire à une croissance économique. Le pétrole se renchérira donc nécessairement et drastiquement, et s'épuisera au cours de ce siècle, et ce pour des raisons géologiques, même en l'absence de taxe carbone ou d'interdiction d'extraction pour des raisons liées au climat. Il est donc impératif de réduire rapidement la dépendance des pays du Sud, dont la crise de 2014 a montré qu'elle pouvait coûter si cher, et de construire le développement des économies émergentes en dehors de cette ressource polluante. [BRUIT] [MUSIQUE]